3 - Prisonniers de guerre ennemis
Le rapatriement des prisonniers de guerre Alsaciens-Lorrains
Pendant la guerre, il a fallu suppléer à l’absence de nombreux hommes dans la force de l’âge d’abord par l’emploi accru des femmes, des jeunes et des anciens puis, par une main-d’œuvre étrangère contrainte : les prisonniers de guerre.
Dans l’Allier, souvent ce sont des Alsaciens et des Polonais qui sont ainsi engagés. La démobilisation avec le retour des survivants du Front entraîne le renvoi de ces hommes. Les premiers à pouvoir rentrer chez eux sont les Alsaciens-Lorrains dès décembre 1918. Leur statut reste ambigü jusque dans cette expression "relevés de leur emploi à l'intérieur".
Le préfet avertit les maires du département, concernés par l’emploi agricole de prisonniers Alsaciens-Lorrains du rapatriement de ces derniers à partir du 15 décembre 1918. Voir ci-contre la lettre du préfet au maire de Saint-Prix, le 10/12/1918. Conscient de la pénurie de main-d'oeuvre que ce rapatriment va occasionner, il demande de lui transmettre les besoins de remplacement.
Le départ de cette main-d’oeuvre suscite effectivement très vite des inquiétudes de la part de leurs employeurs, inquiétude relayée par le vice-président du Comité permanent d’action agricole qui explique que le départ de tous ces hommes causera un « grave préjudice » à l’agriculture qui manque cruellement de bras. Selon lui la démobilisation des classes 87 et 91 n’a pas suffi à compenser le départ des « récupérés de 1917 et des classes 1918 et 1919 ». Il suggère donc d’opérer le retrait des Alsaciens-Lorrains « petit à petit et au fur et à mesure de leur départ, les remplacer par une autre main-d’œuvre »
Les maires s’inquiètent justement de ces remplaçants. Les maires du Bouchaud et de Lenax craignent l’arrivée de prisonniers allemands, préférant des Polonais :
Le préfet répond au maire de Montaigu-le-Blin que ce seront des Polonais ou des schleswigois (habitants originaire d’une région du Nord de l’Allemagne).
A partir de janvier 1919, la démobilisation avec le retour progressif des hommes rescapés du Front, provoque le renvoi des prisonniers de guerre employés comme main-d’œuvre de remplacement durant le conflit.
Dans l’Allier, plusieurs employeurs demandent au préfet de récupérer les prisonniers de guerre.
Voir ci-dessous l'exemple de l’entrepreneur Mercier à Tronget, qui "restitue" les prisonniers polonais (cote : 9 R 4).
Pour certains le renvoi de ces hommes ne se fait pas assez rapidement.Dans certaines communes, ils sont considérés comme une concurrence bon marché avec les Français.où un soldat démobilisé de retour chez lui se plaint d’être au chômage
Exemple à Coulanges en août 1919 :
« dans cette commune il y a encore un certain nombre de prisonniers allemands qu’ils enlèvent le travail de tout un tas de pauvres démobilisés »
Exemple de Voussac en mars 1919
"plus de 15 Allemands sont encore occupés par les cultivateurs sous la coupe de leurs bourgeois ce qui fait que tous les démobilisés sont sans gains"
Le rapatriement des prisonniers de guerre Polonais
Après les Alsaciens-Lorrains en novembre 1918, c'est au tour des prisonniers de guerre polonais d'être rapatriés à partir de décembre 1919.