GAGNON Gilbert
Le Pin
Gilbert Gagnon, est né en 1894 à Chassenard, il avait donc 20 ans au début de la guerre. Il était cultivateur au Pin. En 1972, Monsieur René Laplanche a pris le temps de l’interviewer pour recueillir son témoignage d’ancien combattant. Voici la transcription de quelques extraits :
Les ravages de la guerre en arrivant à Marbotte dans la Meuse en 1914
Et là, qu’j’ai vu les effets d’la guerre. Comme dit l’aut’e, toutes les maisons étaient détruites, p’us d’porte, p’us d’fenêtres, p’us ci, p’us ça, tout était ench’vautré l’un su’ l’aut’e, y avait qu’l’église qu’était à peu près intacte. Eune ch’tite église comme l’église du Pin
Gilbert GAGNON
Le baptême du feu dans les tranchées
on m’a mis de garde avec un ancien, du temps qu’l’ancien se r’posait, je r’gardais. Y’ m’dit : " surtout, regardes pas dans créneau-là, pa’ce qu’on est r’pérés", oui j’avais ben écouté, mais j’voulais pas l’croire, au bout d’un p’tit moment j’ai r’gardé d’ce créneau, mais j’y ai pas r’gardé longtemps : une balle m’a sifflé l’oreille et y passé 2 suivantes.
Gilbert GAGNON
Février 1916, Verdun
(…) le 21 février 1916 qu’les allemands ont attaqué su’ Verdun, i’s nous ont bombardé fort, et y a beaucoup des qu’on été ensevelis dans ceux cagnas, qu’y a fallu la nuit suivante travailler pour les dégager (...)
ah j’ai eu peur, les ch’veux m’en ont dressé su’a tête, j’vois un boche que sot d’la tranchée, j’croyais qu’y’s attaquaient (…)ça y est y’s viennent, mais va t’faire foutre, c’était un obus de chez nous qu’avait comblé leur tranchée, et pis ol a fait comme un lapin de garenne : j’ai juste le temps de l’voir et ol r’partiGilbert GAGNON
Le froid dans la forêt de l’Argonne en janvier 1917
y f’sait si froid qu’not’e soupe partait des cuisines chaudes arrivait dans les tranchées gelée, le vin g’lait dans les bidons, le fromage, le camembert était qu’un glaçon
Gilbert GAGNON
L’offensive Nivelle au Chemin des Dames, avril 1917
On a attaqué au p’tit jour, dans du brouillard, qu’on s’voyait pas, pour demander l’artillerie, on voyait rien ! Les fusées l’artillerie les voyait pas, enfin bon ! On passe 3 lignes de tranchées niv’lées aucun coup d’fusil, ls boches s’étaient tous sauvés, i’s savaient ben c’qu’y f’saient. Mais quand on est arrivés vers la 4ème, à la lisière d’un bois d’s’sapins, soit disant qu’c’était l’bois d’la Grive, là pn a vu les fils de fer et derrière ceux fils de fer, y n’avait ptete ben 10 m de large, et y avait les mitrailleuses, les fusils qu’étaient tou’ là que nous descendaient comme des mouches. On s’est terrés vit’ment dans les trous d’obus et on a p’us bougé, ou pouvait pas bouger, tant y n’aurait sorti un, tant ol y avait droit
Gilbert GAGNON
L’Armistice
on y a pas su avant 11 heures le matin. Y a un sous-off qu’à dit « les gars soyez tranquilles on va avoir l’Armistice aujourd’hui ». Mais là, on y a cru rien quand l’clairon a sonné l’cesser-l’feu à 11 heures et quart par là (…)et ben là on a dit « ca y est on n’y retourn’ra p’us
Gilbert GAGNON