1 - Des Bourbonnais face aux dommages de guerre des régions dévastées
il ne reste pas une maison debout,
je t’assure que ce n’est pas gai de voir cela !Lettre d’Albert à Noémie Melin, 27/05/1916, cote : 117 J 1
Je me demande ce que l’on fera de ces terrains après la guerre
Lettre d’Albert à Noémie Melin, 15/10/1916, cote : 117 J 1
Images de ruines des régions dévastées ramenées par les Bourbonnais
La reconstruction des territoires dévastés par la guerre : des entrepreneurs bourbonnais sur le marché
Le 3 janvier 1922, l’entreprise vichyssoise de travaux publics Labaye et Teissere écrit au préfet de l’Allier afin de lui demander sa « bienveillante recommandation » auprès de son collègue de la Somme en vue d’obtenir un marché public de reconstruction.
Le préfet de l’Allier accepte en effet d’envoyer une lettre de recommandation auprès de son collègue, vantant une « maison sérieuse, très connue dans la région » disposant
d’un « abondant matériel moderne, d’un personnel spécialisé et d’ouvriers nombreux »
On ne sait pas si le préfet de la Somme a répondu favorablement mais c’est bien le cas de celui du Pas-de-Calais.
Paul Baër, un architecte bourbonnais nommé expert pour évaluer les dégâts de la guerre dans la Somme
Du 4 octobre 1919 au 31 août 1933, l’architecte moulinois Paul Baër est employé en qualité de « contrôleur départemental dans les services de Reconstitution » du département de la Somme.
A ce titre il est missionné par le préfet de ce département afin d’évaluer au juste prix les indemnités de dommages de guerre dues par l’Etat aux propriétaires de bâtiments publics et privés.
Que ce soit des écoles, hôpitaux ou maisons individuelles, ces bâtiments ont été plus ou moins détruits à cause de la guerre, en particulier à cause des sapes et galeries souterraines creusées dans les sous-sols durant le conflit.
La difficulté de l’architecte commis comme expert est de déterminer quelle est la part de la guerre dans la détérioration de ces bâtiments afin de ne pas faire payer à l’Etat ce qui serait imputable à des causes extérieures. Parfois, l'Etat invite carrément les sinistrés à se retourner contre les architectes négligents qui auraient eu la mauvaise idée, après guerre, d'ériger un bâtiment sur un sol trop fragile. Voir à ce sujet la circulaire du ministre des régions libérées adressée aux préfets "des départements atteints par les évènements de guerre", 29 juin 1923.
Parfois, suite à des dénonciations, il est mandaté par le préfet comme expert- enquêteur lorsqu’il y a des soupçons d’escroquerie avec de fausses déclarations de dommages de guerre.
Le 10 décembre 1928, le préfet le missionne ainsi pour enquêter sur un sinistré qu'une lettre anonyme accuse d'avoir obtenu des indemnités "hors de proportion avec ses dommages de guerre".
Paul Baër est missionné pour expertiser l’hôpital de Corbie dans la Somme.
Comme le montrent les cartes postales ci-dessous, ce bâtiment a été sérieusement détruit pendant la guerre 14-18.
Paul Baër est chargé d'arbitrer entre deux expertises qui varient du simple au double pour fixer la valeur estimée de ce bâtiment avant 1914.