Famille Aubery

Armoiries de la famille Aubery (A. D. Allier, 9 J 86). © A. D. Allier
Armoiries de la famille Aubery (A. D. Allier, 9 J 86). © A. D. Allier

Armoiries : d'azur au chevron d'or accompagné de trois têtes de dauphins de même - Casque : feuilles d'acanthes en lambrequins - Cimier : tête de dauphin - Devise : Ad Insignia Gentilicia Gentis Auberiae.


Sources

A. D. Allier, 9 J 86, calice de Saint-Julien de Meillers et porte du transept nord du prieuré Saint-Maurice (commune d'Autry-Issards).


Renseignements apportés par les blasons

Datation des modifications apportées au prieuré Saint-Maurice vers 1681, attribution de ces travaux à Antoine Aubery du Goutet. Attribution d’un calice parisien du XVIIe siècle à la famille Aubery (l'orfèvre n'a pu représenter le chevron d'or faute de place, et a fautivement donné aux têtes de dauphins l'aspect de hures de sangliers).


Personnages

Vers 1553 ou 1554, Geoffroy Aubery, maire de Moulins, achète le château du Plessis (paroisse d’Autry). Vers 1630, le poète jésuite Jean Aubery décrit ces lieux, alors splendides (3). Le château, décoré à la gloire de Geoffroy Aubery, comporte des peintures murales et des tapisseries illustrant la vie de Godefroy de Bouillon, modèle mythique, mêlé aux dauphins des armes Aubery. Ces animaux sont prétextes à des représentations allégoriques illustrant leur caractère. Des scènes de bataille mettent en scène Godefroy de Bouillon et Geoffroy Aubery (Prise de Jérusalem par les Croisés, campagnes d'Italie sous François Ier).

Description du château du Plessis et des armoiries de la famille Aubery dédiée à Jean Aubery du Plessis procureur du roi au Présidial de Moulins par Jean Henri Aubery, jésuite (vers 1630. A. D. Allier, 9 J 86)

Extérieurs avec remparts, fossés, chapelle et colombier, pont-levis, basse cour

« des Aubry...Quel foudre poussé par le souffle enflammé pourrait ébranler ces murs fortifiés de retranchements impénétrables ? Qui franchirait ces remparts ? Qui pourrait tarir ces fossés profonds ? Là, deux tours avancent leur vaste contour ; entre elles à juste distance s’élève un pont, dont les solives, qui se prolongent d’un bord à l’autre, sont liées de chaînes de fer, et par lequel de hautes portes disposent du passage. De là la basse cour offre un vaste espace que des arbres fruitiers plantés en ordre couvrent de leurs rameaux épars, et forment pour les passants un agréable ombrage... Au dessus de la porte à double battant, les armes distinctives de l’antique maison des Aubry s’offrent aux yeux. L’on y voit sur un champ d’azur trois têtes de dauphin que sépare un chevron d’or. S’il m’est permis de révéler ses secrets, la nature a donné aux Aubry le génie des dauphins. En effet, quelle inclination bienfaisante, quel zèle, quelle infatigable activité ! Il semble que leur corps soit étranger au sommeil et leur repos semblable à celui des dauphins. Mais pourquoi ces quatre tours qui semblent porter jusqu’au ciel leurs têtes orgueilleuses, ne frapperaient-elles pas plus longtemps mes regards ? Ainsi que la façade de la maison qui n’offre à la première entrée qu’un frontispice étroit derrière lequel s’élève une tour carrée, mais qui prolongeant ses côtés, forme d’immenses appartements. Parlerais-je de ce toit élevé, et de ces créneaux dorés ? Mais l’intérieur de la maison et les vastes salles décorées de tableaux peints sur les murs rappellent les hauts faits des ancêtres et excitent leurs descendants à les suivre dans le chemin de la gloire. »

Salle de droite avec peintures murales de la vie de G. de Bouillon :

« En entrant deux portes à double battant s’offrent d’abord à mes yeux ; j’hésite par laquelle je dirigerai mes pas. J’ouvre enfin celle qui se trouve à la droite. Voyez ces meubles précieux, ces lits éclatants. De toute part j’y vois briller la pourpre. Là l’on voit dans un tableau peint sur le mur Godefroy de Bouillon vainqueur de Jérusalem ; environné d’un cercle de héros français et allemands, il l’emporte sur tous par l’air de majesté et de grandeur qui brille sur sa figure, et s’élève au-dessus d’eux de toute la tête... » [Suit une longue description de scènes de batailles.] Sur la lame « de sa lance on voit un dauphin qui élevant sa tête au dessus des eaux se joue avec une voile. Telles sont les armes distinctives de la maison des Aubry. Sur les portes, sur les meubles, sur les fenêtres, partout l’on voit des têtes de dauphin. Et comme ces animaux ne s’arrêtent jamais, la devise consiste en ces mots : Tel est mon repos. »

Salle de gauche avec tapisseries présentant les exploits de Geoffroy Aubery et autre salle dont l’iconographie (peinture murale, tentures ou tableau) représente des histoires de dauphins :

« Mais pourquoi tardai-je à parcourir les autres salles, où vous allez être étonnés de l’attachement des dauphins pour les hommes, et chose plus étonnante, de leur tendre reconnaissance envers eux, quand ils en ont reçu quelque service, dont le souvenir ne s’efface jamais de leur esprit. Le jeune Yacide et Ceraunus de Paros, Arion déposé sur le rivage de Lacédémone, et cet enfant qui se promenait sur le dos d’un dauphin dans le golfe de Baie, en ont éprouvé les heureux effets. Ce sentiment pour eux fut encore sacré envers Enalus d’Eolie et Imenthéide. Ici l’on voit Achelous encore enfant sur la croupe d’un dauphin traverser la mer. »

Calice de Saint-Julien de Meillers, 1618, détail des armoiries. © M.-E. Bruel
Calice de Saint-Julien de Meillers, 1618, détail des armoiries. © M.-E. Bruel
Calice de Saint-Julien de Meillers, 1618, détail du noeud. © M.-E. Bruel
Calice de Saint-Julien de Meillers, 1618, détail du noeud. © M.-E. Bruel
Prieuré Saint-Maurice, porte du transept nord. © Inventaire Général, ADAGP. Cliché R. Choplain, R. Maston
Prieuré Saint-Maurice, porte du transept nord. © Inventaire Général, ADAGP. Cliché R. Choplain, R. Maston

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(3) De nos jours, il ne reste absolument rien de ces splendeurs passées. Au XVIIIe siècle, le château n'était plus entretenu et menaçait ruine.

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