Anne de France
Dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon (1461-1522)
Vous ne le savez peut-être pas encore, mais sachez que c’est remarquable. C’est même plus que cela, c’est renversant. C’est l’histoire de la princesse la plus puissante d’Europe entre la fin du Moyen Age et l’aube de la Renaissance, qui a régi le royaume de France depuis la cour de Moulins.
Nous vous invitons à suivre notre exposition virtuelle consacrée au cinquième centenaire de la disparition d’Anne de France, fille du roi Louis XI et duchesse du Bourbonnais. L’occasion de célébrer ensemble des personnages singuliers qui ont fait l’histoire de notre territoire.
Pour cet évènement, nous mettons en lumière deux pièces d'archives conservées dans nos fonds privés et présentés dans l'exposition "Anne de France (1522-2022), femme de pouvoir, princesse des arts".
Bonne découverte !
Madame Anne de France, née au château de Genappe (Brabant, Belgique) en avril 1461, morte au château de Chantelle en Bourbonnais le 14 novembre 1522 ... fille de Louis XI, par la grâce de Dieu, roi de France, et de Charlotte de Savoie ... Son père mourant lui confia la tutelle du jeune Charles VIII ... gouvernant le roi, elle gouverna l’Etat ... A la mort de son mari, elle hérita des prérogatives ducales, puisque sa fille était mineure, et agit en tant que régente puis, malgré le mariage de celle-ci, elle continua d’assurer une grande partie de la réalité du pouvoir ... Son gendre Charles, duc de Bourbonnais, lui délégua ses pouvoirs pour gouverner ses terres en son absence le 14 décembre 1513. Après la mort de sa fille Suzanne, elle fit donation de tous ses biens à son gendre, à Chantelle le 1er juillet 1521, et le même jour fit son testament, instituant celui-ci pour son héritier universel. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1, p. 66-67).
Le duché de Bourbon, un enjeu majeur au coeur du pouvoir royal
Ces archives sont produites dans des contextes historiques qu'il est intéressant de rapprocher, afin de saisir leur portée historique. Elles touchent, de manière discrète certes, à l’histoire de la constitution de la France moderne, et se trouvent aussi à la croisée de deux périodes : le Moyen Age finissant en son splendide automne (1476), et la grâce juvénile d’une première Renaissance française (1522).
L’une concerne Pierre de Beaujeu, jeune époux d’Anne de France, et l’autre Charles II, gendre de cette dernière et veuf de Suzanne de Bourbon, respectivement sous les rois Louis XI (1462-1483) et François Ier (1515-1547). D’un côté, en plein gothique flamboyant, le sire de Beaujeu, gendre bien-aimé du roi de France Louis XI en 1476, de l’autre, en pleine floraison Renaissance, le valeureux connétable de Bourbon, héros des guerres d’Italie (Marignan, 1515), bien vite redouté puis écarté du pouvoir, par François Ier en 1522.
Le gouvernement des princes et les apanages
Traditionnellement, les apanages sont les territoires donnés en partage aux cadets, en dédommagement du trône reçu par l’aîné. Ces grands du royaume gouvernent avec le roi, leur frère. Ils ont une part du pouvoir, lequel n’est donc pas centralisé. L'apanage ne revient au roi que par défaut d'héritier direct.
Ainsi, lorsqu’à la bataille de Poitiers (1356), Philippe le Hardi sauve son père Jean le Bon, il reçoit en récompense la Bourgogne en apanage, duché qui deviendra bientôt, en raison de sa puissance et des alliances nouées, notamment avec les riches Flandres, un état trop puissant pour le roi de France. Durant la folie du roi Charles VI, les frères du roi Charles V, Philippe le Hardi, Louis d’Anjou et Jean de Berry, gouvernent avec leur beau-frère Louis II de Bourbon.
Le problème des apanages est qu’ils étaient foncièrement dangereux selon l’amitié ou l’inimitié qui liait le roi à ses vassaux apanagés, lesquels étaient des personnages proches de lui par le sang et les alliances. Les querelles de familles, les rivalités de pouvoir, pouvaient à tout moment faire basculer les alliances et mettre l’intégrité du royaume de France en péril.
Les ducs de Bourbon, danger ou soutien de Louis XI ?
Les Bourbons, alliés de Bourgogne par mariage, peuvent à tout moment faire basculer un équilibre déjà précaire de manière dramatique. C’est pourquoi Louis XI ne veut plus de ce système : il veut le pouvoir absolu. Pour gouverner seul, il lui faut donc évincer les grands du royaume. Il s’entoure pour cela de roturiers qui lui doivent tout. De tels agissements provoquent la fureur des membres de la famille royale habitués à participer au pouvoir. En 1465, durant la ligue du Bien public, menée entre autres par Charles le Téméraire, les princes se révoltent, en particulier le bouillant Jean II de Bourbon, frère aîné de Pierre de Beaujeu. Les esprits se calmeront, mais non pour longtemps. En 1476, époque où Louis XI nomme son gendre gouverneur de Guyenne, Jean II est à nouveau en train de comploter avec le duc de Bourgogne, le Saint-Empire et la papauté, contre Louis XI (2). Cette nomination n’est donc pas anodine : elle apporte au roi de France un soutien inespéré pour cette partie de la France, et lui assure pour longtemps le soutien du sire de Beaujeu.
A la mort de Marie de Bourgogne, épouse de Maximilien d’Autriche, Louis XI met la main sur la Bourgogne, aux dépens de Maximilien et du Saint-Empire. La question bourguignonne sera loin d’être réglée. Mais la mort de Louis XI (1483), rapidement suivie de celle de Jean II (1488), et de la régence d’Anne de France, mettront pour un temps le problème bourbonnais entre parenthèse. Cependant, à la mort de Suzanne de Bourbon, ce problème éclatera de nouveau. On sait comment François Ier y mettra définitivement fin : Bourgogne et Bourbonnais, ces deux grands duchés touchant à l’Empire, tomberont définitivement dans son escarcelle.
(2) J.-Th. et M.-E. Bruel, La chapelle des Bourbons à la collégiale de Moulins, chef-d’ɶuvre oublié de Hugo van der Goes et manifeste du pouvoir princier, Moulins, Société Bourbonnaise des Etudes Locale, 2014, 198 pp.
Quittance de Pierre de Beaujeu, époux d'Anne de France
Voici la quittance du 21 juillet 1476 par laquelle Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu et gouverneur de Guyenne, reconnaît avoir reçu d'Antoine Bayart, conseiller du roi, trésorier et receveur général de ses finances en Languedoc, la somme de trois mille livres tournois.
Cet acte souligne les liens de confiance attachant Pierre de Beaujeu à son beau-père Louis XI. En effet, si le roi a nommé son genre Pierre de Bourbon gouverneur de Guyenne, c’est parce qu’il avait confiance en lui, chose qui n’allait pas de soi en 1476.
Jusqu'à la bataille de Castillon en 1453, le gouvernement de la Guyenne a été disputé entre les deux royaumes de France et d’Angleterre, qui y entretiennent des représentants, simultanément ou successivement. Après la mort de Charles de Valois en 1472 qui avait la Guyenne en apanage depuis 1469, le roi confie la Guyenne à Pierre de Beaujeu, qui lui restera fidèle, contrairement à Charles de France, qui complota toute sa vie contre son frère.
Cette charge de gouverneur de Guyenne donnait droit à une pension, laquelle était versée par le receveur des finances de Languedoc. Le Languedoc, en effet, venait d’être amputé d’une grande partie de la sénéchaussée de Toulouse au profit du duché de Guyenne.
Il est à noter que le roi Louis XII confiera en 1512 le gouvernement du Languedoc à Charles II de Bourbon, signe de la confiance qu’il lui accordait.
Nous Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu et gouverneur de Guienne, confessons avoir eu et receu de maistre Anthoine Bayart, conseillier de monseigneur le Roy, tresorier et receveur general de ses finances en Langedoc, la somme de troys mille livres tournois, pour partie de VIIIm livres tournois à nous appoinctée sur lesdictes finances de Languedoc, sur la somme de XVIIm livres tournois que mondit seigneur le Roy nous a ordonné, c’est à savoir XIIm livres de pension et Vm livres tournois d’etrene de pension pour ceste presente année commencant le premier jour d’octobre derrenier passé. De laquelle somme de IIIm livres tournois nous nous tenons pour content et en quittons ledit consouer general et tous autres. En tesmoing de ce nous avons signé ces presentes de notre main et fait sceller du scel de noz armes. Le XXIme jour de juillet, l’an mil XXXX soixante et seize.
Pierre
Quittance de monsieur de Beaujeu de la somme de troys mille livres tournois servant à maistre Anthoine Bayart, tresorier de Languedoc.
Personnages cités et protagonistes concernés
Antoine Bayart, trésorier du Languedoc
La famille Bayard est implantée au XVe siècle au sud du Bourbonnais et au nord de l’Auvergne ... [Elle] a connu une belle réussite dans les grands offices de finance. Antoine Bayard en particulier, notaire et secrétaire du roi, est trésorier et receveur général de Languedoc sous Louis XI de 1473 à 1476, puis de nouveau de 1483 à 1502. (Philippe Hamon, Les conseillers de François Ier - Gilbert Bayard [?-1548] (https://books.openedition.org/pur/120108?lang=fr).
Louis XI, roi de France de 1461 à 1483, surnommé "l'universelle araigne"
De la dynastie des Valois, fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, Louis XI prend part au mouvement féodal de la Praguerie contre son père (1440). Devenu roi, il renvoie les conseillers de son père mais soulève contre lui la haute noblesse, rassemblée autour de Charles le Téméraire (ligue du Bien public, 1465). Il cède, mais reprend l’offensive dès 1468. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, l’attire et le retient prisonnier à Péronne (1468). Libéré à de très dures conditions, qu’il ne respecte pas, Louis XI dénoue l’alliance de l’Angleterre et de la Bourgogne et réalise l’union des cantons suisses et de la Lorraine contre Charles, qui est vaincu et tué (1477). Le roi hérite du comté d’Anjou, du Maine et de la Provence (1481-1482) et obtient le duché et le comté de Bourgogne par le traité d’Arras (1482). Il affermit le pouvoir royal aux dépens des grands corps politiques et du clergé, poursuit l’œuvre de réorganisation militaire entreprise par Charles VII, et favorise le renouveau économique du royaume. (Le Petit Larousse, Paris, 1998, p.1482).
Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu
Pierre de Bourbon, IIe du nom, duc de Bourbonnais et d’Auvergne, comte de Clermont, de Forez, de Roannais, de La Marche et de Gien, pair et chambrier de France, vicomte de Carlat et de Murat, baron de Beaujeu et de Bourbon-Lancy, vicomte de Thouars, seigneur de Château-Chinon, de Roche-en-Régnier, d’Annonay, de Creil, d’Aixe et d’Ayen, de Montaigut en Combraille, né le 27 novembre 1438.
Hostile au gouvernement du roi, il aida son frère le duc Jean II et signa le manifeste du duc de Berry, prenant part à la ligue du Bien public en 1465 ... mais le roi sut le détacher du parti des princes en lui promettant sa fille Anne ... depuis Pierre lui fut dévoué et établi lieutenant général du roi dans les duchés d’Orléans et de Berry en 1465, gouverneur de Languedoc en 1466 ... Chargé de continuer la guerre contre le comte Jean V d’Armagnac, le roi l’établit gouverneur de Guyenne en mai 1472 ... Il devint le conseiller unique, seul dépositaire de la volonté royale, présidant au conseil pendant la dernière maladie de roi, par ordre de celui-ci. Avant de mourir, Louis XI laissant son fils Charles VIII âgé seulement de treize ans, mit en la main du sire de Beaujeu, et de sa femme, le gouvernement du royaume... Il mourut en son château de Moulins le 10 octobre 1503. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1, p. 65-66).
Lettre de faveur adressée par Charles II de Bourbon à Jean de Selve
Voici la lettre de faveur adressée par Charles II, duc de Bourbon et d'Auvergne, connétable de France, au premier président du parlement de Paris Jean de Selve, concernant le procès en cours pour la possession du duché de Bourbon après la mort de Suzanne de Bourbon, épouse de Charles II et fille d'Anne de France.
L’année n’est pas précisée sur l’acte. Seuls le jour et le mois sont indiqués : 3 juillet. On peut le situer après la mort de Suzanne (28 avril 1521) et avant celle d’Anne de France (14 novembre 1522). Louise de Savoie réclame la succession en avril 1522. Le procès débute en août 1522. La lettre date donc du 3 juillet 1522, alors que le procès allait s’engager. Le connétable sera dépossédé de la succession par arrêt du parlement de Paris en août 1523.
Le ton du texte est intéressant à noter. Il est suppliant :
...j’en ay en vous tres parfaicte fiance. Et si en aucune chose je vous puis faire plaisir, je le feray de bien bon cueur et priant Dieu, monsieur le président, que vous doine ce que plus desirez...
Vostre Bourbonnois, Charles
Mais il a raison de l’être, car le parlement, qui n’est pas à l’aise avec ce que fait le roi, veut garder son indépendance de jugement ... ce qui amorce peut-être un rapprochement entre le duc et les parlementaires.
Monsieur le president, j’ay naguieres envoyé par dela mon chancellier et depuis, pour ce que l’affaire pour lequel il y est principallement touché madame ma belle mere et moy tant que plus ne peut, je y envoye encores de present le seigneur de Busset mon cousin et aucuns autres de mon conseil, et pour vous recommander l'affaire, vous priant, monsieur le president l'avoir pour recommandé en justice comme j’en ay en vous tres parfaicte fiance. Et si en aucune chose je vous puis faire plaisir, je le feray de bien bon cueur et priant Dieu, monsieur le president, que vous doine ce que plus desirez. Escript à Molins le 3e jour de juillet.
V[ost]re Bourbonnois
Charles
Personnages cités et protagonistes concernés
Charles II, le connétable de Bourbon
Charles de Bourbon, IIe du nom (1), est né le 17 février 1490 à Montpensier et mort le 6 mai 1527 à Rome. Il fut duc de Bourbonnais, d’Auvergne et de Châtellerault, comte de Clermont en Beauvaisis, de La Marche, de Forez, de Montpensier, de Gien et de Clermont en Auvergne, dauphin d’Auvergne, prince de Dombes, vicomte de Carlat et de Murat, seigneur de Beaujolais, de Combraille, de Mercœur, de Roannais, d’Annonay, de Roche-en Régnier et de Bourbon-Lancy, pair, chambrier, gouverneur de Languedoc et de Milan, lieutenant général du roi en Bourgogne, chevalier de l’ordre de Saint-Michel.
Appelé Charles Monsieur, il fut élevé à Moulins près de son cousin le duc Pierre II et de son épouse Anne de France ... A la mort du duc Pierre II, le 10 octobre 1503, il succéda à l’aînesse de la maison de Bourbon, dont il prit les armes pleines ... Se trouvant légitimement appelé à recueillir les apanages de la maison ducale de Bourbon ... et afin de fixer ses droits vis-à-vis d’Anne de France et de sa fille Suzanne, qui se prétendaient héritières du duc défunt, il voulut en rendre foi et hommage au roi ... mais [ce dernier] différa la réception. Pour éviter procès et querelle, la duchesse Anne de France lui donna sa fille et héritière Suzanne en mariage. Au début de ce siècle, il était le plus puissant prince de la maison royale ... A vingt-cinq ans, passant pour la plus grande capacité de l’armée, le roi François Ier lui donna, dès son avènement, la charge de connétable ... Envoyé par le roi à la tête de son avant-garde pour reconquérir le Milanais, il fut victorieux à la bataille de Marignan contre les Suisses, les 13 et 14 septembre 1515 ... et fut nommé le 8 janvier 1516 lieutenant général [du roi] dans le duché de Milan dont il assura la conquête, et gouverneur du Milanais le 8 juin 1516, empêchant l’empereur Maximilien de reprendre la ville. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1, pp 80-81).
(1)« Bien qu’il soit IIIedu nom pour la majorité des historiens et généalogistes..., nous devons dire IIe du nom, car le cardinal de Bourbon, archevêque de Lyon, que ceux-ci donnent comme duc de Bourbon et IIe du nom, n’a jamais été titulaire du duché de Bourbon... » (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1,page 82).
La trahison du connétable de Bourbon
Après la mort de sa femme Suzanne († 28 avril 1521), la mère de celle-ci, Anne de France, lui fit une donation de tous ses biens, à Chantelle le 1er juillet suivant .... Alors qu’il était veuf et sans descendance, la mère du roi, Louise de Savoie, réclama en avril 1522 la succession de Suzanne de Bourbon (hors les apanages) comme issue de Marguerite de Bourbon, tante paternelle de Suzanne, tandis que le roi invoquait le droit de réversion à la Couronne des terres tenues en apanage. [ Le procès commença le 12 août 1522] .... Sous la pression royale, il fut dépossédé de la succession des derniers ducs de Bourbonnais, par arrêt de séquestre du parlement de Paris du mois d’août 1523 .... Dépité, se voyant lésé dans ses droits, refusant d’accepter l’injustice qui atteignait son honneur et celui de sa Maison, il se sentit délié de son serment fait au roi et entra en contact avec l’empereur Charles Quint et le roi d’Angleterre Henri VIII. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1, pp 80-81).
« Escript à Molins »
Charles II séjournait alors dans le palais ducal de Moulins, récemment agrandi dans le tout nouveau style Renaissance.
Jean de Selve
"Monsieur le president", "Monsieur le premier president" est identifié à "Jean Deselve" selon les notes présentes au dos du document. Cette identification est exacte. En tant que premier président du parlement de Paris, il intervint dans le procès judiciaire du connétable de Bourbon.
En tant que premier président du parlement de Paris, il joue un rôle central dans les deux procès judiciaires les plus célèbres des années 1520 : celui du connétable de Bourbon et celui du financier Semblançay ... Le premier problème que Jean de Selve doit gérer concerne la succession des Bourbons. Suzanne de Bourbon meurt en avril 1522 après avoir établi un testament dans lequel elle laisse à son mari toutes ses propriétés. Peu après, le roi et sa mère, Louise de Savoie, entreprennent des procédures légales visant à s’emparer de la succession. Ainsi commence l’« affaire Bourbon » un des procès les plus complexes du règne de François Ier, révélateur des tensions existant entre le parlement de Paris et François Ier ... Bien plus, elle dégénère en une confrontation à grande échelle entre les deux parties suite à sa capture à Pavie, en février 1525. La longue absence du souverain donne alors aux membres du parlement l’opportunité de contester ce qu’ils considèrent comme une extension excessive de l’autorité royale soutenue par son principal ministre, le chancelier Duprat. (Robert J. Kalas (†), Jean de Selve (1475-1529), in Cédric Michon, dir., Les Conseillers de François Ier(https://books.openedition.org/pur/119946?lang=fr).
Pierre Popillon
« Mon chancellier » est identifiable à Pierre Popillon.
D’abord argentier du duc en succession de son père, puis Maître des Requêtes ordinaire de son hôtel (1513), il parvint enfin, dès 1521, au poste très éminent de chancelier de Bourbonnais, qui faisait de lui l’un des premiers de la province. L’an 1513, il fit foi et hommage pour des terres, dîmes, bois, étang, cens, rentes et tailles sur les paroisses de Paray-le-Frésil, Saint-Pourçain-de-Malchère, Changy, Montbeugny et autres (Noms féodaux). En 1521, il assista à l’assemblé de Moulins pour la rédaction des Coutumes, et la 1ère édition de ce recueil parut sous l’auspice de son nom, à qui en était faite la dédicace. En 1523, il fut impliqué dans les affaires du Connétable de Bourbon, et gravement compromis. Un arrêt du parlement ordonna sa mise en liberté, mais le roi n’ayant pas voulu le relâcher malgré l’arrêt, il fut maintenu à la Bastille et y mourut de chagrin, ce dit-on, le 15 août 1524 ... (Archives départementales de l’Allier, Fonds Des Gozis, 5 J 70, pièce n°4774).
Pierre, baron de Busset, dit le grand batard de Liège
« Le seigneur de Busset mon cousin et aucuns autres de mon conseil » désigne Pierre, baron de Busset.
Pierre, dit le bâtard de Liège ou le bâtard de Bourbon, chevalier, seigneur de L’Isle, puis baron de Busset et de Piégtut, conseiller et chambellan du roi Louis XII, né aux Pays-Bas en novembre 1464, fils illégitime de Louis de Bourbon, évêque de Liège. Amené en France, il fut élevé par Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu et depuis duc de Bourbonnais ... Le 1er juillet 1519 à Chantelle, il était témoin de l’acte de donation de tous ses biens fait par Anne de France à son gendre le connétable de Bourbon ... Ce personnage est à l’origine de la maison de Bourbon Busset. Il avait en effet épousé Marguerite de Tourzel d’Alègre, dame de Busset, fille et héritière de Bertrand de Tourzel d’Alègre, seigneur de Busset, chambellan du roi Louis XI. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 2, p. 787).
Suzanne de Bourbon
Suzanne n’est pas nommée dans la lettre, mais elle est bien évidemment au cœur de ce procès.
Suzanne de Bourbon, duchesse de Bourbonnais et d’Auvergne, pair de France, comtesse de Clermont et Beauvaisis, de Forez, de La Marche et de Gien, vicomtesse de Carlat, de Murat et de Châtellerault, dame de Beaujeu, Annonay, Bourbon-Lancy et Roche-en-Régnier, née le 10 mai 1491, morte à Châtellerault (Vienne) le 28 avril 1521... Ses parents obtinrent du roi Louis VII qu’elle puisse succéder aux duché de Bourbonnais et appartenances ... Elle fut promise en mariage par traité du 21 mars 1501, à Charles, duc d’Alençon et premier prince du sang de France, à qui on assura la succession des biens apanagés et patrimoniaux de Bourbons. Elle entra en possession des biens de sa branche après la mort de son père le 10 octobre 1503. La promesse de mariage avec le duc d’Alençon fut rompue et Suzanne épousa Charles de Bourbon, comte de Montpensier, qui prétendait succéder au duché de Bourbonnais. Par testament rédigé à Montluçon le 15 décembre 1519, sans postérité, elle institua son mari pour héritier universel. (P. Van Kerrebrouck, La Maison de Bourbon, vol 1, p. 71).