Moulins-Genève : aller-retour
Les pérégrinations du préfet Armand Coquet (1814- ?)
La bibliothèque de Genève vient de remettre aux Archives départementales de l’Allier un lot de documents, environ 200 pièces. L’emballage d’origine porte la mention : « Correspondance de la préfecture de l’Allier. Préfet : Armand Coquet 1848-1849 » ainsi que l’énigmatique « Grivel ».
Ce lot provient des fonds de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève (SHAG) et Adolphe-Charles Grivel (1821-1885) en a été l’archiviste.
Armand Coquet est un préfet de l’Allier très oublié.
Né en 1814, il était avocat jusqu’à ce qu’il devienne chef de cabinet du ministre des Travaux publics, Marie, sous le gouvernement provisoire de la République française… mais cela ne dura que deux mois, du 24 février au 9 mai 1848. Le 10 juillet, il est nommé préfet de l’Allier.
Georges Rougeron est le seul à avoir fait des recherches et résume ainsi son passage dans l’Allier :
« Son arrivée allait marquer le début de la réaction et de la répression sous couvert de l’ordre et de la conciliation annoncés par sa proclamation d’installation. (…) [Les événements] vinrent entamer sérieusement son crédit, tant à Paris que dans le département où les conservateurs, toujours plus exigeants, finirent par l’accuser de tiédeur et d’insuffisance. Le 23 novembre 1849, il était « appelé à d’autres fonctions », expression courtoise pour signifier que l’on se passerait désormais de ses services.
Il semble donc que le préfet révoqué s’est exilé en Suisse, pour un temps ou pour toujours, nous ne le savons pas. Les papiers qu’il avait emportés avec lui témoignent de ses rapports avec certains de ses proches, lettres de sa mère, d'amis ou de relations parisiennes. D’autres courriers proviennent de maires dont ceux de Lapalisse et de Couzon, des sous-préfets et de magistrats. On y trouve également les brouillons des réponses du préfet mais également les circulaires reçues du ministère. Enfin, c'est surtout la dénonciation des Républicains, dont le rédacteur du Républicain de l’Allier, Aristide Baudéan et leur surveillance dans les cafés et les clubs du département qui est le principal sujet de ces archives.
Ce fonds est désormais conservé sous la cote 1 J 777 et communicable en salle de lecture.