Le massacre de la carrière des Grises, une enquête toujours en cours…
Été 1944. Alors que le territoire national est lentement reconquis par la Résistance intérieure au côté des Alliés, les représailles s’aggravent. L’Occupant veut semer la terreur et multiplie les massacres contre les maquis et la population civile.
Le 14 août à l'aube, non loin de la carrière des Grises à Prémilhat, un habitant est réveillé par des cris et des coups de feu. Il prévient les autorités qui se rendent sur place et découvrent alors, dans une fosse commune de sept mètres de long, les corps de 42 hommes provenant de la caserne Richemont où ils étaient prisonniers. Ces hommes avaient été emportés par les Allemands en camion, sans explication.
L’opération d’identification commence, rendue d’autant plus difficile que certains corps sont défigurés par les tortures subies. Quelques objets sont prélevés sur les corps afin de faciliter leur identification.
39 fusillés finissent par être identifiés et leurs noms figurent sur la stèle érigée en septembre 1944 sur les lieux du massacre. On y ajoute également celui de Paul Weill assassiné deux mois auparavant et enterré au même endroit.
Il faut attendre 1949 pour que Peter Dorscht, chef de la gestapo de Montluçon, soit enfin découvert et arrêté à Paris où il se cachait depuis la Libération. Le procès de la Gestapo de Vichy et Montluçon qui s’ensuit à Lyon et à Marseille aboutit en 1951 à la condamnation à mort de sept des responsables, dont Dorscht. La responsabilité du massacre de la carrière des Grises lui est attribuée.
L’histoire ne s’arrête pas là : il reste toujours trois personnes non identifiées parmi les victimes et un long travail d'enquête se poursuit.
Il faut attendre 1950 pour ajouter le nom de René de Poorter à la liste.
Ce n'est qu'en 2019 que l'identité de l'un des trois inconnus est révélée au public par un membre de sa famille originaire de Valenciennes : il s'agit de Julien Gallois pourtant identifié dès 1947 mais dont le nom était resté dans les archives de la Police sans avoir été porté à la connaissance des historiens.
Qui donc est la dernière victime encore non identifiée à ce jour ? Le mystère reste entier.
Entrées en 2016 aux Archives départementales de l'Allier, les archives de cette affaire sont désormais communicables au public.
Mais, âmes sensibles, prenez garde : ce n'est pas une boîte d'archive comme les autres. La présence des objets des victimes, témoins silencieux mais combien vivants nous transporte dans le temps et nous fait revivre l'émotion à l'état brut : un peigne, un foulard, une blague à tabac, la lettre d'une femme recherchant désespérément son mari, l'horreur de la découverte du charnier décrite dans le procès-verbal...
Entre mémoire et Histoire, entre émotion et analyse, ces documents nous rappellent de ne jamais oublier...