VERNAY Jeanne et Jean

Chantelle

Jeanne Vernay
Jeanne Vernay

Jeanne Vernay

Jeanne Vernay est née à Chantelle le 13 octobre 1872. En 1983, elle épouse Romain Vernay. De cette union nait Jean Vernay, le 7 juillet 1894. La famille Vernay vit entre Versailles et Alger. En 1914, Jeanne rentre en France et séjourne à Chantelle (où réside sa famille).

Lorsque la guerre éclate, Jeanne se trouve seule, loin de son mari resté à Alger, et séparée de son fils Jean, tout jeune saint-cyrien parti au front. Jeanne commence alors une correspondance régulière et soutenue avec son époux. (voir lettres) Elle y exprime, avec beaucoup de lyrisme parfois, sa solitude d’épouse, son amour et son angoisse de mère. En recopiant les lettres qu’elle reçoit de son fils dans celles qu’elle adresse à son mari, Jeanne maintient le lien familial entre le père et le fils. Elle retranscrit les nouvelles qu’elle peut lire dans les journaux locaux. Ses premières lettres donnent la vision des Allemands telle qu’elle est alors véhiculée par la propagande au moment de l’entrée en guerre : « Ils martyrisent les enfants, les Alsaciens et partout où ils passent Attila et les Huns ne faisaient pas autant de mal qu'eux ». (voir lettre du 24 juillet 1914). Romain, militaire encore en fonction à Alger eu début de la guerre, exhorte sa femme à la patience et essaie de la rassurer : « il faut être résigné et attendre patiemment […]les Allemands ont l’univers entier contre eux » (voir lettre du 19 août 1914).

Les écrits de Jeanne témoignent avant tout de sa piété, par exemple : « au dessus il y a Dieu, qui je ne puis croire qu'il abandonnera notre pays, où il y a tant de foi réveillée ! Que le sacré coeur de Jésus, la Vierge notre Mère et Jeanne d'Arc nous conduisent et nous gardent, nous crions vers eux nos supplications » (voir lettre du 4 septembre 1914). Le quotidien de Jeanne est rythmé par de nombreux actes de dévotion : « Mes journées se passent presque continuellement en prières, chaque matin à la messe" […] "je fais mon chemin de croix tous les jours soit au couvent soit à la paroisse" "Le soir il y a après le dîner des prières publiques » (voir lettre du 10 août 1914). Elle participe également à Chantelle aux actions organisées pour recevoir les premiers blessés rapatriés du front : « A Chantelle on a voulu contribuer à envoyer quelque secours en linge pour les blessés [...] c'est à la maison que nous nous sommes occupés de faire des panières de linge, tout le monde dans notre petit pays s'est donné en quelques heures il y en a 5 grandes panières et d'autres caisses sont en préparation […] J'espère que nos envois arriveront la bas à destination ces dames de la Croix Rouge en feront l'usage qu'elles en jugeront ». (voir lettre du 6 août 1914)


👇Archives de Jeanne Vernay en format pdf.


Jean Vernay portant l'uniforme et le plumet blanc de l'école militairede Saint-Cyr
Jean Vernay portant l'uniforme et le plumet blanc de l'école militairede Saint-Cyr

Jean Vernay

Jean Vernay est né à Chantelle le 7 juillet 1894. Il est le fils de Jeanne Paradis, épouse Vernay et de Romain Vernay, lieutenant au premier Régiment du Génie de Versailles. En 1914, à tout juste 20 ans, il sort de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr avec le grade de sous-lieutenant. (voir registre matricule )

Au fil de sa correspondance avec ses parents du 27 juillet au 1er novembre 1914 (voir correspondance de 1914), son ton évolue vis-à-vis de la guerre. Au début, même s’il tient déjà à se démarquer de « certains grands braillards et écervelés qui ne demandent que la guerre » (voir lettre du 27 juillet 1914). Il montre un enthousiasme naïf comme la majorité des jeunes mobilisés : « Cette fois ça y est, nous allons les voir les casques à pointe et j’espère bientôt voir le clocher de Strasbourg » (voir lettre du 2 août 1914).

Pour rassurer sa mère, il lui décrit son quotidien (voir dessin de sa tranchée). Un ami de tranchées lui laisse également quelques gravures (voir gravures de Jean Droit). Il exprime parfois une certaine nostalgie en évoquant ses souvenirs d’Alger où il vécut avec ses parents (voir lettre à son père du 5 septembre 1914). Ses lettres témoignent également de sa piété (voir lettres du 31 août et du 13 septembre 1914). Dès qu’il le peut, Jean assiste à la messe. Deux mois après le début du conflit, il se voit confier le commandement de sa compagnie (voir lettre du 28 septembre 1914).

Bien qu’étant au début de sa carrière militaire, il n’hésite pourtant pas à exprimer une certaine amertume et ses désillusions sur l’armée. Ainsi dans sa lettre du 20 octobre 1914, il écrit « Que d'officiers doivent être dans toute la France qui auront avancement et décoration, sans avoir été au feu et nous, depuis 2 mois et demi nous sommes en 1ère ligne ».

4 jours plus tard il insiste dans une lettre à son père : « Tu sais ce que je pense de ces attaques qui sont de véritables folies et n'ont comme résultat que des hécatombes d'hommes et rien de plus.(…). Je veux seulement dire qu'il est faux de répéter dans les journaux que les troupes sont pleines d'enthousiasme. Tout le monde en a assez et les soldats marchent parce qu'on les y oblige ». (voir lettres du 20 et 28 octobre 1914)

Le 24 juillet 1915, il est destitué par le conseil de guerre car jugé « coupable du délit de ne pas s’être rendu à son poste d’alerte ». Il vécut cela comme une profonde injustice et eut à cœur de se justifier en rédigeant un historique des évènements. Il fut réhabilité par la Cour de d'Appel de Paris le 7 décembre 1917. (voir le dosier

Il fut cité à l'ordre de son régiment le 29 octobre 1917 pour être « allé chercher sous un violent tir d’engagement un de ses hommes grièvement blessé » .

La fin de la guerre tant attendue encore la veille de l’armistice: « Je suis sûr que vous êtes dans l'attente de l'armistice. Nous l'attendons d'heure en heure par TSF », est évidemment saluée par Jean le 11 novembre 1918 : « Ce matin les sergents des TSF ont envahi notre chambre avant le réveil avec force cris et hurlements. Nous avons vite compris ce que ça signifiait. Nous voici enfin au terme du cauchemar » (voir lettres des 8 au 11 novembre 1918)


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