Les moulins en pays Bourbonnais
Le service des archives départementales de l’Allier propose quelques pistes de recherche à destination du grand public et à tous les férus de molinologie … Chacun tire l’eau à son moulin !
Ce petit guide vous permettra d’approcher les différents fonds du service des archives départementales de l’Allier, afin de remonter aux sources des moulins à eaux et des premières usines hydrauliques.
Ici, point de Moulin Rouge et autres moulins à vent de la Mancha, mais bien les moulins du Bourbonnais qui font partie de notre patrimoine architectural ancien. Certains se sont illustrés grâce à leur activité : moulin à farine, moulin à huile, moulin à cidre, papeterie, scierie, tannerie, carderie, teinturerie, filature, maillerie, … d’autres sont peut-être inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Une rivière d’informations
Voici une parenthèse d’histoire qu’il est possible de reconstituer grâce aux archives ....
Ce plan représente une partie du cours du Sichon entre la commune de Cusset et la commune de Vichy, à la demande de Monsieur Sylvain-Jospeh Bujon, propriétaire de la papeterie.
De Cusset à Vichy, le premier moulin que l’on apercevait en aval du pont de la nouvelle route de Vichy était le moulin Genébrier. Sa prise d’eau se situait immédiatement après le pont de Mer. Ce moulin devint une grande papeterie, employant jusqu’à 150 ouvriers, et produisant entre 600 à 700 kilogrammes de papier par jour. Messieurs Allard et Michel sont devenus propriétaires de l’usine en 1854, puis Messieurs Bertrand, Meyer, Defrance et Cie furent autorisés à rétablir une autre usine en aval de l’ancienne papeterie en 1858. L’empereur Napoléon III la visita en 1861, puis revint en 1862 pour admirer une toute nouvelle machine appelée gazomoteur.
La rivière était coupée par le barrage de Presle. Il fondait un tel obstacle que, lors de grandes crues, les riverains en amont étaient inondés. Le bief fut l’objet de procès concernant l’entretien des berges, le bris des glaces et les prises d’eau pour l’irrigation des prairies voisines. Le préfet ordonna en 1857 un règlement d’eau pour les usines établies aux bords du Sichon. Le bief du moulin de Presle longeait le chemin de Mesdames, lieu de promenade des filles de Louis XV. Sa roue de 3.40 mètres de diamètre, ses deux petits ponts pittoresques et son île étaient le coup de cœur des artistes du coin. A partir de 1880, le moulin de Presle était exploité par Jacques Hébard. Le bâtiment fût par la suite la propriété d’Alice Tessier de Rauschenberg, fille d’Ernest-René Tessier, avocat à Moulins, jusqu'en 1937. Il finit par être transformé en ferme, exploitée par Pierre Fournier et son fils Jean, avant d’être rasé en 1971.
En aval du moulin de Presle se trouvait également le moulin Fleuret, racheté par Jean et Claude Allioteaux en 1775. En 1856, c’était à la fois un moulin à céréales à deux roues, et une carderie à laine à une roue. Il a été exploité par Jean-Baptiste Fayol, avant de profiter à Désiré Guillot, déjà installé au moulin du Roc.
La force probante
Le « droit d’eau » ou « règlement d’eau » permet de justifier l’existence légale du moulin. C’est un acte administratif qui fixe les modalités de fonctionnement du moulin, le niveau et les dimensions des ouvrages hydrauliques qui lui sont associés, ainsi que l’ensemble de ses prescriptions spécifiques, telle la retenue d’eau légale, le partage de l’eau, etc.
Quelques pistes pouvant donner du grain à moudre …
· Les matrices cadastrales permettent de rechercher la localisation du moulin sur le territoire d’une commune et l’évolution du bâtiment (construction, agrandissement, démolition) au cours du XIXème siècle.
· Les documents iconographiques tels que la photographie, la carte postale ou le dessin fixent, au début du XXème siècle, le paysage local et les scènes de genre dont faisaient partie les moulins. En 1924, l’Allier comptait 245 moulins à eau en activité. Les cartes postales sont consultables en ligne sur notre site.
· Les cartes de Cassini regorgent de symboles jalonnant les cours d’eau. Il n’est pas rare d’y voir apparaître la figuration d’un moulin avec la superficie occupée par les cultures, les bois, les bâtiments, les carrières, les routes et les rivières.
· Les archives notariales (baux, ventes, contrats d’entretien et de réparation) détaillent les travaux à effectuer et décrivent le moulin lorsqu’un artisan s’engage à le construire. Les aménagements et le matériel que doit fournir l’artisan y sont recensés. Pour retrouver l'information, vous aurez préalablement besoin de connaître le nom du notaire, le nom du propriétaire et la date de l'acte notarié.
· La toponymie : le moulin a donné des noms de lieux comme … Moulins ! Le nom des moulins a souvent changé au cours des siècles (Moulin-Neuf, Moulin-Vieux, …), prenant tantôt celui du lieu-dit, tantôt celui d’un propriétaire.
· Les dossiers provenant de la préfecture, sur le thème de la navigation intérieure, foisonnent d’arrêtés préfectoraux du XIXème siècle, de rapports d’ingénieurs, de plans, de croquis, de profils en long, en large et en travers ! Se trouvent également dans les dossiers de la sous-série 7S "service hydraulique", les fameux règlements d’eau, les subventions et les contentieux (car les litiges étaient nombreux !).
Voici un tableau non exhaustif recensant une partie des moulins à eau et des usines hydrauliques du département au XIXème et au début du XXème siècle. A noter que les dossiers surlignés en bleu comportent des plans, des profils, des croquis.