De 1789 à 1851

Arc de triomphe érigé à Moulins en l'honneur du mariage de l'Empereur, 23 avril 1810, dessin sur calque par Henri Marlet, 8 J (fonds Pérot).
Arc de triomphe érigé à Moulins en l'honneur du mariage de l'Empereur, 23 avril 1810, dessin sur calque par Henri Marlet, 8 J (fonds Pérot).

L’une des premières missions de la Constituante est de remodeler la carte administrative du royaume. C’est ainsi que sont créés les départements en 1790. L’Allier se superpose à peu près exactement à l’ancienne province du Bourbonnais, les autres composantes de la généralité de Moulins se trouvant rattachées pour l’essentiel aux départements de la Creuse et de la Nièvre. Moulins est érigée en chef-lieu de la nouvelle circonscription, non sans que Montluçon ait tenté de faire valoir quelque prétention à le devenir. Parmi les événements les plus notables de la période révolutionnaire, on mentionnera l’arrestation à Moulins, le 10 juin 1793, du conventionnel Brissot qui avait fui Paris sous une fausse identité à l’heure de la proscription des Girondins. A l’automne 1793, Fouché se rend à Lyon en qualité de représentant en mission chargé d’y mater les séditions fédéralistes. Il s’arrête quelques temps à Moulins. Son séjour est marqué par une épuration sans nuance des administrations locales d’où il fait exclure les représentants les plus modérés. Il lance par ailleurs une grande campagne de déchristianisation, faisant déporter de nombreux prêtres. Peu de temps après, un convoi de trente-deux suspects originaires de l’Allier est dirigé sur Lyon. Tous y sont guillotinés le 11 nivôse an II, sans que des charges suffisantes aient pu être retenues contre eux ; le convoi en question comprenait entre autres deux anciens députés de l’Allier. C’est enfin pendant la Terreur que les gisants des abbés Mayeul et Odilon à Souvigny (aujourd’hui reconstitués) auraient été détruits, et ceux des ducs de Bourbon, mutilés. Le mausolée du connétable de Montmorency faillit subir le même sort mais fut sauvé de justesse par l’intervention de Dufour, professeur de dessin à Moulins. S’agissant des acteurs de la Révolution originaires du Bourbonnais qui aient pu atteindre à la stature nationale, on citera les seuls noms de Georges Antoine Chabot de l’Allier qui s’illustra plus tard en participant à la rédaction du Code civil et du philosophe Destutt de Tracy, député aux Etats généraux.

Le Bourbonnais n’avait jamais eu de siège épiscopal. Certes on créa bien un diocèse de Moulins sous le règne de Louis XVI mais l’évêque désigné ne fut pas installé. La Constitution civile du Clergé, en revanche, restaura le diocèse et y fit nommer un évêque constitutionnel. Le concordat de 1801 supprima le siège qui ne fut restauré, et cette fois définitivement, qu’en 1817. Le premier évêque fut Monseigneur de Pons auquel allait succéder, à l’approche du Second Empire, Monseigneur de Dreux-Brézé, personnalité de premier plan dont l’action a profondément marqué la ville de Moulins.

Par delà l’Empire et la Restauration, la Monarchie de Juillet voit naître dans l’Allier un courant d’idées progressistes. La presse qui se développe alors diffuse peu à peu les contenus libéraux voire républicains de tous ces mouvements qui apparaissent dans le département : les bases sont ainsi jetées de la radicalisation que l’Allier va connaître dans la seconde moitié du siècle.

(extraits actualisés de l’ouvrage de M. Maréchal, Guide des Archives de l’Allier, Yzeure, 1991, 510 pages)

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